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Les pluies diluviennes qui ont touché le pays entre le 16 et le 20 octobre dernier ont occasionné de graves inondations dans 11 départements, notamment l'Ardèche et la Loire. L'arrêté de reconnaissance en état de catastrophe naturelle est paru ce matin au Journal officiel. Lire la suite

 

Comme il l’avait promis, le gouvernement a fait diligence : une quinzaine de jours seulement après la catastrophe – au lieu de plusieurs mois habituellement – l’arrêté portant reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle a été publié ce matin pour 375 communes situées dans 11 départements.

Des précipitations « inédites »

Rappelons que ces inondations ont été causées par de violents orages survenus entre le mardi 15 et le jeudi 17 octobre. Pendant ces quelques jours se sont cumulés un épisode cévenol sur le Gard, l’Ardèche et la Lozère, et une perturbation pluvieuse particulièrement active qui a traversé le pays du nord-ouest vers le sud-ouest. Certaines zones des Alpes-Maritimes et de la Lozère reçoivent alors près de 100 mm de pluie en trois heures. Dans la nuit du mercredi au jeudi, l’Ardèche reçoit 300 mm de pluie. Puis, jeudi, les fortes pluies s’étendent sur tout le quart sud-ouest avant de remonter vers le nord jusqu’à atteindre l’Île-de-France. L’épisode se poursuivra jusqu’au vendredi dans le centre du pays.

Cet épisode, intervenu une semaine après la dépression Kirk et, en conséquence, sur des sols saturés en eau, a provoqué d’importantes inondations notamment en Ardèche, dans la Loire et le Rhône (vallée du Gier). L’épisode avait été bien anticipé par Météo-France, qui avait placé six départements en vigilance rouge pluie-inondations ou crues le jeudi 17 octobre. Des records de précipitations ont été battus pendant cet épisode : 694 mm en 60 heures ont été relevés à Mayres (Ardèche), ce qui est « une valeur inédite tous mois confondus », rappelle Météo-France. 1000 mm d’eau ont même été relevés sur la même période à Saint-Martin-Vésubie, dans les Alpes-Maritimes.

Certaines communes, comme Annonay en Ardèche, ont été totalement submergées pendant quelques heures, après que la Deûme a envahi le centre-ville, causant une inondation « jamais vue » dans la commune aux dires des habitants.

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11 départements

Résultat, 375 communes sont aujourd’hui reconnues en état de catastrophe naturelle, dans un nombre de départements inhabituellement élevé. On compte ainsi 95 communes touchées en Ardèche, 53 dans la Loire, 46 dans les Yvelines, 43 dans la Haute-Loire, 41 dans le Rhône, 32 dans les Alpes-Maritimes, 21 dans la Lozère, 19 en Eure-et-Loir, 16 dans l’Essonne, 5 en Corrèze et 4 dans la Loire-Atlantique.

Dans 168 de ces 375 communes, au moins une catastrophe du même ordre a déjà eu lieu dans les 5 dernières années, ayant fait l’objet d’un arrêté de reconnaissance. Six communes en sont même à la cinquième inondation en cinq ans.

Rappelons que pour l’instant, une disposition particulièrement injuste du Code des assurances est toujours en application : lorsqu’une commune est frappée plusieurs fois par le même aléa sur une période de 5 ans, et que la commune n’est pas couverte par un PPRN, la franchise appliquée aux sinistrés est modulée à la hausse. Les assurés sont donc financièrement pénalisés pour une situation dont ils ne sont absolument pas responsables. Cette disposition pourrait enfin être modifiée si la proposition de loi actuellement en débat au Parlement sur le régime Catastrophes naturelles va à son terme. L’article 2 de ce texte, en effet, prévoit d’interdire l’application multiple de la franchise en cas de répétition d’un aléa sur « une période courte ». Il restera toutefois à définir, précisément, la durée de cette « période », par décret.

Et pendant ce temps, en Espagne...

Ces inondations en France n’ont, heureusement, fait qu’une seule victime – un homme tué par la chute d’un arbre –, ce qui semble être le résultat de la bonne application des consignes de prudence et des alertes de Météo-France.

Dans la région de Valence, en Espagne, touchée la semaine dernière par un épisode cévenol d’une extrême violence, le bilan est bien plus dramatique : on compte aujourd’hui 213 morts, mais ce bilan risque de terriblement s’alourdir au fil des jours, peut-être des semaines : selon la presse ibérique, 2 500 personnes sont toujours portées disparues. Si les autorités espèrent que certaines de ces personnes disparues sont bien vivantes mais n’ont pas encore pu contacter leurs proches – les réseaux n’étant pas encore entièrement rétablis – il est à craindre que beaucoup sont décédées. Et ne seront peut-être jamais retrouvés, des corps ayant été charriés par les eaux jusqu’à la Méditerranée.

D’ici là, les recherches se poursuivent, notamment l’exploration des caves, des parkings ou des amoncellements de voitures empilées qui peuvent contenir les corps de personnes piégées.

Dans un climat tendu – beaucoup d’habitants reprochant à l’État d’avoir mal alerté et trop tardé à intervenir –, la solidarité s’organise. Dès vendredi 1er novembre, ce sont des milliers de personnes qui ont parcouru parfois plusieurs dizaines de kilomètres à pieds pour se rendre dans les zones sinistrées, un balai, une raclette ou une pelle à la main, pour venir en aide. Ce mouvement spontané a été plus rapide que celui de l’État, qui a attendu le samedi 2 pour envoyer plusieurs milliers d’hommes en renfort dans les zones sinistrées – ce qui a alimenté la colère d’une partie de la population.

En France, de nombreuses actions de solidarité s’organisent, initiées par des associations, des entreprises ou des particuliers. Notamment, des collectes de vêtements, de nourriture ou de produits de première nécessité sont organisées dans de très nombreuses communes. Dans certaines d’entre elles, les maires ont mis des locaux municipaux à disposition pour stocker temporairement le produit des dons.

Quant au coût économique de la catastrophe, il est, de l’aveu des autorités espagnoles, « incalculable ». Des infrastructures majeures ont été détruites, dont un tronçon entier de l’autoroute A7 et la ligne de train à grande vitesse Valence-Madrid. Trois lignes de trains de banlieue sont détruites, dont une sur 90 kilomètres.

D’innombrables entreprises ont été, tout ou parties, détruites, sans parler des exploitations agricoles ravagées – les experts estiment par exemple que les pertes d’exploitation de cette région très exportatrice, notamment en agrumes, vont affecter tout le marché européen. Le coût de la catastrophe se chiffrera en milliards d’euros, et c’est toute l’économie espagnole qui en sera impactée – la seule région de Valence produisant 10 % du PIB de la péninsule ibérique.

(Source : Article de Franck Lemarc pour maire-info du 05/11/2024)